Les gouttes de pluie dévalaient son corps, telles des perles de cristal venant l’illuminer au milieu de ce parc plongé dans les ténèbres. Offrant sa pâle gorge au délicieux liquide, Anfisea se laissa aller en fermant les yeux. Ne laissant aucun mot s’échapper de ses lèvres rosées, elle profita du silence qui l’entourait. Puis, se redressant légèrement, elle tendit ses fins bras devant elle, mettant à nue les multiples cicatrices qui les parcouraient. Les paupières toujours abaissés, elle laissa pourtant une esquisse de sourire poindre sur son visage de poupée. Sa lourde chevelure châtain retombait en boucles délicieuses sur ses épaules délicates, laissant l’eau y couler de tout son long et venir tremper son maigre corps. Enfin, prenant appui sur ses longues jambes, elle se releva, les pieds nus foulant l’herbe trempée lui offrant des frissons remontant jusqu’au sommet de son crâne, passant par la profonde courbure de ses reins. Elle laissa ses bras retomber pour retirer les rigoles d’eau ayant pris place sur sa robe de soie parme, avant de faire quelques pas vers le château, la lune dévoilant la nacre de sa peau. Alors, elle ouvrit les yeux. Et si son doux corps de poupée exprimait la fragilité d’un cristal qui pourrait se briser à tout instant, le bleu glace de ses yeux aussi pâle que l’arctique reflétait sa réalité en dévoilant le désir et le plaisir qui sommeillaient au fond d’elle.


Anfisea, la poupée de Serpentard. Ainsi surnommée grâce à son joli visage, mais aussi à son manque de mots qui font que l’on pense très souvent qu’elle n’est qu’une jeune fille que l’on peut manipuler à sa guise. Elle aime jouer sur cette impression de douceur et de fragilité. Fréquemment dans la Salle Commune des Verts & Argents, on la trouve à lire ou dessiner. Il est rare de la voir prononcer un mot, mais son regard étrangement vide vous suit du moment que vous lui semblez intéressant. Ce bleu intense vous glace jusqu’aux os, vous demandant si elle est réellement ce qu’elle paraît. Mais alors elle esquisse un léger sourire, comme seuls savent le faire les enfants, et vous vous dites qu’elle n’est qu’un ange innocent. Mais ne dit-on pas qu’il faut se méfier de tous ? Sous ses traits purs, sommeille une jeune fille bien plus sombre. Si vous portez attention à ses bras, vous constaterez les multiples cicatrices qui les parcourent. Des cicatrices fines et pâles qui passent pour la plupart du temps inaperçus. N’allez pas croire qu’Anfisea possède le moindre problème qui fasse qu’elle ressente le besoin d’attenter à sa vie. Non, la Serpentard s’automutile pour le plaisir de voir le liquide carmin dévaler sa peau diaphane. Personne n’est au courant, bien évidemment, pas même vous. C’est son plaisir personnel. Mais cela n’est que l’un des nombreux vices auxquels s’adonne la jeune Black. Ils sont multiples, bien trop nombreux pour tous les dévoiler. Pourtant, il en est deux qui marqueront tous ceux qui s’y sont confrontés. Le vice de la chair et le vice des cris. Derrière ses aires de princesse pure, Anfisea est une succube. Hommes ou femmes, elle s’en moque. Ce qu’elle veut, c’est le plaisir, le désir, la chair, la chaleur. Ce tourbillon de gémissements qui la font vivre. Elle aime les puissantes émotions, ces excès qu’elle peut provoquer. Mais elle est également une sadique. C’est ce pourquoi elle a toujours approuvé Voldemort, son maître, et la raison qui l’a poussé à entrer dans les Siffleurs. Elle méprise les nés-moldus, ces impurs, et les moldus, ces imbéciles. Elle souhaite les voir réduits en esclavages, elle veut les détruire, les exterminer. Leur faire croire qu’ils ne risquent rien, puis s’en prendre à eux, les torturer. C’est son passe-temps, sa distraction. Seulement, vous ne le saurez jamais. Car tous ceux qui ont subis ces marques d’affection n’oseront jamais en parler. Ainsi est Anfisea, une poupée aux traits angéliques qui renferme un démon à la puissante folie. Peu de personnes le savent, aucun n’en dira jamais mot. Pourtant, si vous vous penchez dans ses yeux, vous apercevrez alors la détermination farouche qui brille dans son regard quand elle pense que personne ne peut la surprendre. Dévorée par l’ambition, elle s’est déjà décidée à marquer l’histoire. Et quiconque tentera de l’en empêcher connaîtra probablement un funeste destin.

Ne dit-on pas que c’est notre passé qui forge notre avenir ? C’est pour cela que je ne souhaite rien oublier de ce qui m’a créé et façonné. C’est grâce à mon passé que je suis devenue un tel être. Et si chaque année ne fut pas forcément passionnante, elles sont ainsi et je ne les changerais pour rien au monde. Parce que se lamenter sur des actes qui furent ne me ressemble pas.

La noble et très ancienne Maison des Black possède de nombreuses branches éparpillées partout au Royaum-Uni. Anfisea est issue de l’une d’elles. Le lieu de sa naissance, le commencement de son histoire, est le Manoir Black situé à Worcester, dans les West Midlands. L’union de Dastan Black et Appolynaria Sotchinski est le fruit d’un mariage arrangé, un lien entre deux puissantes familles de Sang-Purs, l’une anglaise, l’autre russe. Aucun amour, mais une puissante passion les reliait. Les amants affluaient et refluaient au Manoir, sans que l’autre n’ait son mot à dire. Cela changea le jour de la naissance d’Anfisea, deux mois avant le terme. Tous crurent pendant l’accouchement que la mère rendrait l’âme, mais Appolynaria était bien plus forte que ça et déterminée à vivre. Mais cela ne se fut pas sans douleur, ni séquelles. Et c’est ainsi, qu’un 21 mars de l’année 1984, naquit Harmonie Anfisea Black, dans le sang et les cris.
Ses prénoms ne furent pas choisis au hasard : Harmonie était là pour rappeler la grâce de son corps et son doux caractère, même enfant ; tandis que Anfisea renvoyait à ses origines russes qui parcouraient tout son être. La jeune fille adopta ce second prénom dès qu’elle fut en âge de penser : pour elle, l’Harmonie n’était qu’un rêve décadent et Anfisea la démarquait des autres enfants.

La jeune Black apprit à haïr avant de marcher. Son père Dastan semblait bien décidé à ce qu’elle sache châtier correctement leurs inférieures. Elle méprisa les Sang-de-Bourbes, les Moldus et les faibles dès son plus jeune âge : ils étaient sales, souillés, et ne méritaient que l’esclavage ou la mort. Sa première séance de torture se passa sur une des colombes de sa mère : elle l’avait capturé, alors qu’elle buvait au bord de l’étang du parc. Puis, la posant délicatement sur un rocher, ses yeux d’enfant fascinés par ce qu’elle faisait, elle avait saisi une pierre pour venir la planter dans le petit corps de l’animal. C’est alors qu’elle avait été obsédée par le sang dévalant ces immaculées plumes. Observant à son tour son bras diaphane, une idée soudaine l’avait traversé : empoignant la pierre de sa main droite, elle s’était entaillé sauvagement le bras. La douleur déferla en elle, tel un trait de feu lui explosant dans le crâne. Jeune enfant de 7 ans, elle sourit pourtant à travers ses larmes à cette sensation de vie qu’elle avait ressentie parmi la souffrance. Commencèrent donc les scarifications de plus en plus fréquentes.

Son enfance fut bercée par les idées des anciens Mangemorts et par la Magie Noire. Ne possédant pas de baguette à l’époque, elle fut autorisée à utiliser celle de son père dans le but de lui apprendre encore et toujours plus. On la récompensait par des cadeaux et des compliments grâce à son comportement si sage et son apprentissage de plus en plus dur. Pourtant, dans le dos de son père, elle allait tester ces sorts sur les créatures peuplant le parc. Elle aimait entendre leurs cris, c’était comme une douce mélodie à ses oreilles. Mais devant les adultes, elle continua à jouer son rôle d’enfant modèle. Débuta alors son jeu de faux semblants.
Appolynaria, quant à elle, lui enseigna l’art et la manière de se tenir en société : comment se vêtir de façon correcte et pourtant attirante ; comment répondre poliment aux adultes et amis de son père ; comment sourire et montrer le meilleur d’elle-même. Elle se plia aux règles, parce qu’elle savait qu’en retour, on la laissait des plus tranquilles. Pas de sorts, pas de punitions corporelles. Après tout, n’était-elle pas le petit ange des Black ?

C’est également durant cette période enfantine qu’elle se prit de passion pour le dessin. Représenter chaque être, chaque détail, avec une infinie perfection, lui donnait la sensation de posséder un pouvoir sur eux : elle les capturait dans ses parchemins, les gardait éternellement avec elle. Cela lui permettait de retranscrire ses sentiments, ses émotions, ses scarifications, ses secrets. Dessiner, c’était conserver sa vie. Elle prit plaisir, également, à lire. Chaque grimoire de la bibliothèque du Manoir y passa, l’instruisant sur une multitude de savoir et connaissances.

Quand elle eut 11 ans, elle reçut sa lettre sans grande surprise. Ses affaires déjà prêtes depuis longtemps, elle prit place dans le Poudlard Express au 1e septembre 1995. Un évènement avait pourtant marqué son été : Voldemort, le grand, le puissant Lord Voldemort, était revenue à la vie. Elle fit son entrée à Poudlard, au majestueux Poudlard, école pourtant souillée par les idées séniles du directeur amoureux des moldus. Quand il fallut la répartir, le Choixpeau n’hésita pas : elle rejoignit la Serpentard, sa détermination à toutes épreuves, son ambition dévorante, son refus d’abandonner et la ruse qu’elle utilisait pour faire croire à chacun qu’elle n’était qu’une innocente fillette.

Ses trois premières années dans le château millénaire se déroulèrent sans anicroches. Jeune femme considérée comme adorable par ses professeurs qui aimait sa jolie bouille d’ange et son comportement studieux, elle se fit peu d’ennemis chez les Serpentards. Elle ne parlait pratiquement pas, rendant difficile de nouer des amitiés, mais elle observait tout un chacun : aucun geste, même anodin, ne lui échappait dans la Salle Commune des Verts & Argents. Elle les crayonnait tous ils étaient ses souvenirs, immuables. Elle marqua peut-être un ou deux esprits, mais ce fut réellement à partir de juin 1998 que tout changea. Lord Voldemort, leur puissant maître, fit fin à la vie éphémère de cet insipide Potter. Et alors la face du monde changea. Les Sang-Purs retrouvèrent leurs droits, leurs pouvoirs, leur puissance.

L’été qui suivit décisif pour elle. Une jeune Mangemort, ami de son père, s’intéressait de près à elle. Elle n’était qu’une enfant de 14 ans, mais ses courbes délicates l’attiraient tout comme la lumière attire les papillons Il lui enseigna alors les plaisirs de la chair, qui entraînèrent Anfisea dans un tourbillon d’émotions dont elle ne voulut plus jamais se départir. Il ne passa qu’une nuit avec elle. Cela lui suffit pour s’épanoui au vice du sexe. A sa rentrée en 4e année, la jeune enfant avait changé dans sa manière d’être avec les autres. Si elle paraissait toujours une poupée aux traits angéliques, elle s’ouvrit à ses camarades et commença à nouer quelques amitiés. Et elle devint la succube qui hante désormais les couloirs de Poudlard à la recherche de nouvelles victimes. Qu’elles soient consentantes ou non. Cette époque marqua aussi son entrée chez les Siffleurs : proche des idées du Lord, des parents Mangemorts, méprisante des Sang-de-Bourbes, des privilèges certains, elle n’hésita pas un instant quand la grande inquisitrice le lui proposa ainsi qu’à ses camarades Serpentards.

Jeune femme de 17 ans, elle s’épanouit de plus en plus dans les cris et le sang, dans les tortures et le sexe. Poupée aux traits purs, ange innocent, succube passionnelle, démon sadique, on lui connaît multiples visages. Mais seule une réalité subsiste : elle est Harmonie Anfisea Black et quiconque rencontre son chemin est assuré d’en garder souvenirs.


Anfisea ouvrit lentement ses yeux, qui se posèrent automatiquement sur le plafond de sa chambre. Encore. Comme depuis une semaine. Comme depuis qu’elle était réveillée. Elle avait été dans le coma. Pendant six mois. Six mois de sommeil. Alors qu’elle avait tant de choses à faire. Tant de questions. A son réveil, elle avait été perdue. Où ? Qui ? Comment ? Elle ne savait plus. Enfin, elle se souvenait de la soirée. De comment cela avait dégénéré. De Pride, de Kaprice, de Sally. De Daenerys. Puis le trou noir. Elle s’était pris un sort par un membre de l’AD. Or la petite rousse inintéressante, il semblait qu’elle ait été la seule victime. La seule victime grave. Les autres avaient simplement reçu des blessures pouvant être soignées rapidement.

Désormais, il était temps qu’elle se mette en mouvement. Elle ne pouvait tout simplement pas rester là, au Manoir, comme si de rien n’était. Poudlard l’attendait. Elle savait qu’il lui faudrait remettre de l’ordre. Mais ce qu’elle savait également, c’était qu’elle serait perdue au château. Sally n’était plus là, ni Kaprice.

Quant à Daenerys... Daenerys... Elle avait fui l'Angleterre avec Dorian. Dorian, qu'elle pensait son ami. Et qui lui avait tout simplement arraché sa moitié. Pour la première fois de sa vie, Anfisea se sentait vraiment vulnérable. Humaine. Mais cela ne pouvait durer.

Ce fut pourquoi elle se leva gracieusement de son lit pour se diriger vers sa commode. D’une main adroite, elle ouvrit un des tiroirs et admira la collection d’armes blanches qui y étaient rangées. Elle en choisit une particulièrement effilée qu’elle apposa sur sa peau opaline. Et trancha. Elle renaissait.