La chaleur règne dans cette pièce où un couple, pour la première fois, rencontre le regard de cette nouvelle venue, de leur héritière. Des pensées contradictoires habitent l'esprit de cet homme et cette femme.

Mrs Lowett ne réalise pas encore vraiment qu'elle vient de donner la vie, elle ne mesure pas à quel point elle va devoir se dévouer à ce petit être sans défense. Déjà, elle dresse des plans, elle anticipe le déroulement de ces deux prochaines semaines. Dès aujourd'hui, elle le sait, elle va devoir surveiller sa ligne et dans quelques jours, elle devra se mettre au sport. Elle n'a que deux semaines pour retrouver une silhouette parfaite. Dans deux semaines, elle organisera une fête sublime pour célébrer cette naissance. Tout devra alors être parfait car les invités seront tous prestigieux. La perfection, voilà ce dont elle rêve car ne l'oublions pas, elle a un rang à tenir. Vous vous direz que cette femme est bien superficielle et avouons-le, vous avez parfaitement raison.

Mr Lowett voit plus loin. Il rêvait d'avoir un fils pour reprendre le flambeau familial, pour l'aider à s'installer bien solidement dans la société mondaine. Le destin lui a joué un tour et bien il composera avec. Une fille? Que pourrait-il bien en faire? Comment pourrait-elle être utile à ses desseins. Doucement, elle arrive et déjà l'idée est en train de germer dans son esprit. Il va en faire une personne aux qualités surprenantes : resplendissante car sa beauté que déjà on divine devra subjuguer, intelligente car son érudition pourra conquérir sa belle-famille. La demoiselle devra donner le meilleur d'elle-même si elle veut les satisfaire car leur salut réside dans l'éventualité d'une alliance prometteuse pour leur famille. Il en a toujours rêver : être un arriviste, parvenir au sommet et égaler les sangs purs. Conclure une alliance avec une famille à la lignée irréprochable, voilà ce qui attend Juliette, voilà ce son père vient de décider.


Celle qui hier encore babillait gaiement a aujourd'hui bien grandi. C'est encore une enfant, l'insouciance n'a pas encore totalement abandonné son petit corps potelé. L'enfant est rieuse et enjouée. Il n'est pas rare de la voir éclater de rire sous un jeu, sous des chatouilles. Elle sait s'amuser d'un rien et les jeux de marelle avec ses camarades de classe, elle s'y adonne avec une joie non feinte. Le monde des adultes n'a pas encore noirci ses illusions, briser ses rêves. Rêvasser, voilà bien un domaine où elle excelle. De nature créative, elle dessine des mondes où la couleur règne.

Pourtant, dans la solitude de ses pensées, un doute nait. Un regard où se reflète le doute, la peur que tout ne soit qu'illusion. Les gens parlent, les commères de village médisent. Juliette n'est pas sourde et bête encore moins. Les sous-entendus à peine voilés, elle commence à les comprendre. Doucement, la vérité chemine dans son esprit, s'y impose... Elle ne peut plus nier l'évidence : ses parents ont une réputation assez sombre. Certains les craignent ou en tout cas ne leur font pas confiance. Nul n'ignore plus que les Lowett ont juré allégeance au Lord bien qu'ils n'aient jamais fait partie du clan des Mangemorts. Certains parents ne veulent pas voir leur progéniture fréquenter la fille des Lowett et c'est ainsi que certaines amitiés s'envolent.

Alors, la fillette s'invente une autre vie. Elle est Joy et elle est une enfant comme les autres. Son destin à elle n'a pas encore été tout tracé par ses parents. Elle rêve de pouvoir quitter le nid familial et faire ses propres choix. Une lettre ne tarde pas à arriver. Elle a onze ans et elle va entrer à Poudlard. Enfin, sa vie va lui appartenir.


L'adolescence est un âge où tout semble possible. Juliette a bien grandi et ses traits se sont affinés, progressivement départis de leur reflet juvénile. Affinée, la demoiselle devient femme et elle sent le regard des autres sur ses courbes. L'adolescence est aussi l'âge de tous les émois et Juliette n'y échappe pas. Aujourd'hui, l'évidence s'est imposée à elle : amoureuse, elle est amoureuse. Ses sentiments sont sincères et purs. L'heureux élus? Il s'appelle Adrian et elle le trouve beau comme un dieu. Elle est touchée par lui jusqu'au plus profond de son âme. Elle ne parvient ni à se raisonner, ni même à s'expliquer pourquoi lui.

Elle se contente d'être heureuse car lui aussi l'aime. La vie ressemble à un véritable rêve, elle se voit dans quelques années mariée à Adrian avec 2 enfants au doux babillage. Pourtant la vie la rattrape et ses rêves s'envolent. Il n'est pas digne de la fille unique des Lowett. Loin d'être docile et vainque, la jouvencelle choisit de se battre pour l'être aimé. De 3 ans son aîné et né-moldu, elle sait que cela risque d'être compliqué. Fière de ses sentiments, elle n'avait pas l'intention de cacher son amour. Mais le drame se produisit : Harry Potter avait été vaincu. Lâche, il avait fui, les abandonnant à leur désespoir. Juliette ne pouvait croire à la "vérité" qu'on leur avait divulgué. Les informations étaient fausses, tout n'était pas perdu. Le Lord était vainqueur et il avait pris le pouvoir, dirigeant l'Angleterre d'une main ferme. Les conséquences furent désastreuses pour son idylle.

De par sa condition, Adrian dut se cacher. Certes, les amoureux se voient en cachette et tout semble parfait, ce parfum de mystère ajoutant un charme certain à leur idylle. Mais voilà, il s'est fait piégé par les parents de sa belle qui ne peut que pleurer sur son triste sort. Les Lowett pense qu'il ne peut que disparaitre, comme on élimine un obstacle à un si grand projet. Fiancée contre son gré à Andrew Parkison, elle ne rêve que d'Adrian. Pour ses parents, l'affaire est réglée mais les sentiments de Juliette sont sincères. Elle n'oublie pas celui qui a fait et fait encore battre son coeur et à la première occasion, elle tentera de le rejoindre. Elle veut fuir avec lui.Sous le joug de sa famille, elle doit cependant prendre patience.


Forcée d'accepter ces fiançailles qu'on lui impose, elle n'a plus rien à dire. Sa tentative de fugue pour rejoindre Adrian fut un échec. Rattrapée par sa famille, on lui a clairement fait comprendre qu'elle ne pouvait rien changer. Pieds et poings liés, elle fait semblant de filer le parfait amour mais son coeur est meurtri.

Ils le tueront si jamais elle fuit encore, si elle lui reparle un jour. Elle leur en veut car ils la forcent à choisir un destin qu'elle refuse. Elle déteste Andrew, trop suffisant. Parfois, il peut se révéler plus ou moins sympathique et dans ces cas-là, elle espère le voir changer d'avis. La première fois qu'il lui a révélé un aspect plus positif de sa personnalité, elle a cru pouvoir le faire renoncer, obtenir la clémence pour elle mais surtout pour celui qu'elle aime. Amère désillusion, rien ne le fera plier. Il l'a dissuadé d'oser renouveler sa supplique d'une gifle. Les coups parfois mais souvent les menaces la ramènent à la raison. Alors, elle s'interroge. Comment ses parents peuvent-ils si peu se soucier de son bonheur? Opportunistes, ça elle le savait déjà mais de là à se montrer si superficiels et égoïste. Amère déception que celle-là...

Juliette souffre mais en silence. Elle obéit car elle n'a pas d'autres choix. Elle fait ce qu'on lui demande même si cela la dégoûte. Et tous ces nés-moldus que l'on méprise, elle voudrait se révolter, se battre mais elle ne peut si elle veut un jour retrouver son amour. Les changements opérés dans la société anglaise l’écœurent. Le vie humaine est méprisée et, excepté les sangs purs, personne ne semble assez bien placé pour vivre. Les gens survivent dans l'attente de jours meilleurs qui peut-être ne viendront jamais. Les temps sont incertains et toute sorte de créatures viennent encore plus assombrir ces tristes journées. Par respect pour Adrian, elle devrait se révolter, se battre pour défendre le droit à la magie des nés-moldus. Elle se sent dégoûtée de tout ce qui se passe, elle perd l'espoir. La vie est sombre, trop sombre et l'avenir est plus que jamais incertain. A 17 ans, Juliette approche de la fin de ses études et elle sait que bientôt, elle devra prêter allégeance au Lord.

Elle le fera car ce n'est pas seulement sa vie qu'elle joue. Elle se dégoûte et sa seule échappatoire est l'aide que lui a promis sa meilleure amie. Elle se contente d'attendre même si sa vie lui semble triste. Heureusement, espérer ne lui est pas interdit. Alors c'est ce qu'elle fait : elle garde l'espoir d'un jour fuir avec Adrian, de filer le parfait amour avec lui loin de ce monde terne et dangereux.