It's my life...C'est étrange le temps. Ça s'en va, ça file à une de ces vitesses. On peut le ressasser ou l'oublier, le voir passer ou le laisser partir, on peut le craindre, l'attendre, le supporter, le chérir, le vivre, lui survivre un temps. On l'aime et on le déteste. Il nous amène des surprises et nous enlève des êtres chers. C'est un ami autant qu'un ennemi, et toujours sur nous il laisse sa trace, jusqu'à la mort. Ma ligne du temps, je la suis vaille que vaille, m'attendant à autant de bonnes surprises que d'horribles déceptions en passant par d'incroyables et multiples sentiments : haine, joie, colère, amour, envie, peur, courage, tristesse, douleur, bonheur, rire...
***
Les cliquetis des chaînes qui entravaient mes poignets m'exaspéraient. J'avais demandé à ce qu'on me les enlève mais je crois qu'ils n'étaient pas prêt d'accepter. En plus ils étaient assez taciturnes. Mais ça je crois que c'est parce que Voldemort leur avait fait couper la langue. Ils n'avaient plus dit un mot depuis au moins deux ans. Et ils n'en prononceraient plus. Je me laissais traîner dans le ministère de la magie, adressant des sourires joyeux à tous ceux que je croisais. Les quelques mangemorts qui passaient par là ce matin n'eurent souvent qu'une moue désapprobatrice. Je fus alors balancé sans ménagements dans une salle austère et froide. Les deux gardes qui ne cessaient de me suivre eurent tôt fait d'enlever mes chaînes et de disparaître que je me retrouvais non pas seul comme j'aurais pu le croire, mais en charmante compagnie. Il était là, devant, moi, avec des allures faussement nobles et aristocratiques. Son air de majesté semblait vouloir écraser tout sur son passage, semblait vouloir dominer jusqu'à la moindre parcelle de vie qui traînait dans les parages. Nous nous toisâmes un long moment et je fus plutôt impressionné de le voir pour la première fois. Qu'en était-il de lui ? L'était-il ? Impressionné ? Il ne le semblait pas le moins du monde, mais une lueur de convoitise brûlait farouchement dans ses prunelles rougeoyantes. Il fit quelques pas et je ne bougeais pas le moins du monde, l'observant, attendant.
-" On dit que tu te fais nommer Gryffondor, on t'appelle le Lion. Certains affirment que c'est à cause de ton patronus, d'autres parce que tu étais simplement à Gryffondor... Mais allons nous les croire ?"
Je souris légèrement. Je savais qu'un jour ou l'autre il entendrait parler de moi. J'avais tout fait pour d'ailleurs. Il continuait de faire les cent pas alors que je prenais un visage amusé. Il jetait de temps en temps des coups d'oeil d'envie qui me provoquaient quelques frissons. Il n'avait pas tardé à me faire chercher par ses mangemorts, à me traquer. Je lui avais résisté un temps pour jouer mais j'avais assez rigolé et je m'étais laissé prendre.
-" Qui es-tu ?
- Alastair ! Pour vous servir my Lord !"
Cela avait été dit avec une ironie amusée et gentille, accompagnée d'une révérence souple et gracieuse mais il prit tout de suite une mine contrarié et offusquée. Il balaya mes paroles d'un geste de la main furtif et agacé semblant dire : "Je sais tout cela". Mais que savait-il mon cher Lord, que savait-il ? Voldemort ignorait une chose à ce moment précis et cette question le rongeait, l'intriguait, l'obsédait. Une simple petite question à laquelle il attendait une réponse. Il avança vers moi, l'air décidé. Était-je comme lui ?
-" Raconte moi..."
Il continuait d'avancer et je ne répondais rien. Le silence qui s'était abattu entre nous devint oppressant mais je ne bougeais pas d'un pouce. Je fixais avec obstination sa face blême, blafarde, place. Ses yeux me faisaient penser à un déguisement mais la lueur malveillante qui les habitait enleva tout de suite cette idée stupide de ma tête. Lord Voldemort tendis ses mains vers moi. Il aurait été idiot et vain de reculer, j'étais seul, sans baguette, dans une pièce fermé, aussi je ne le fis pas. Je suis sûr qu'un bon coup de poing aurait quand même pu le faire réfléchir. Mais après tout, si j'étais venu là, c'était pour répondre à cette question qui revenait incessamment dans son esprit. Ses mains se posèrent sans douceur sur mes tempes et un froid immense m'envahit. Il eut un petit sourire en me voyant l'affronter fièrement du regard.
-"... de gré, ou de force."
J'étais un assez bon occlumens et je savais pouvoir lui cacher certaines choses. Mais après tout, si Lord Voldemort devait savoir qui j'étais, lui cacher quelque chose semblait paradoxale. Il s'introduisit dans mon esprit et se heurta à un mur de flamme. C'était ma défense. Voilà l'étape la plus compliquée : il me fallait l'abandonner. Après toutes ces années... Il n'eut pas le temps de retenter une percée que je m'offrais à lui, faisant tomber une à une chacune de mes défenses. Voldemort entra dans mon esprit et je vis défiler mes souvenirs.
***
Les vagues s'écrase sur la falaise avec violence et poésie. Maman me tient dans ses bras. Je dois avoir trois ans. Papa sourit en nous voyant et cours nous rejoindre. Nous ne sommes pas loin du manoir, nous sommes juste partis en balade apparemment. Nous continuons la route ensemble, sous le bruit du fracas de la mer sur la terre et le sifflement du vent frais et joueur. Mes petits bras s'agitent et maman me laisse me dégager pour que je puisse courir un peu. Papa me dit de faire attention mais ses paroles s'envolent dans le vent.
***
La scène précédente n'avait pas beaucoup d'intérêt pour lui alors il l'a balayée et envolée cette douce scène. On se retrouve dans le bureau de mon père, au manoir. C'est une grande pièce dont les murs sont couverts de livres. Ils m'ont toujours attiré. D'ailleurs je suis dans un fauteuil à en lire un ou plutôt à en déchiffrer, des contes pour enfants sorciers apparemment. J'ai presque six ans si je me souviens bien. Maman et papa ne sont pas loin, ils étudient tranquillement le déroulement de nos prochaines vacances. Je les regarde. Maman est belle, toute petite, avec de grands yeux gris et une cascade de cheveux bruns. Papa est brun lui aussi avec des yeux bleus et beaucoup plus grand. Je vois qu'un sourire étire mes lèvres juvéniles alors que je les observe et je fais de même, établissant un lien entre passé et présent. Soudainement un homme entre dans la pièce. Papa lève les yeux et tombe sur Dumbledore qui le regarde en souriant. Je contemple la scène sans rien dire, laissant le Lord résoudre le mystère de mon existence.
-" Declan, Natasha, désolé de débarquer à l'improviste, Tilly m'a dit que je vous trouverais là.
- Ce n'est rien Albus, prend une chaise."
Tilly arrive derrière avec un plateau chargé de tasses de thé fumant et quelques gâteaux secs. Cette elfe de maison n'avait rien à voir avec les autres. C'était d'ailleurs Albus qui l'avait proposée à mon père. Elle ne voulait pas travailler comme les autres elfes, elle préférait rêver, lire, bouger un peu. Les elfes de Poudlard la détestaient et elle avait donc atterri ici. Mon père était de ceux qui ne trouvaient pas normal qu'un elfe de maison soit exploité. Aussi Tilly bénéficiait ici de tout ce qu'elle désirait. Il lui donnait des vacances et lui payait tout ce dont elle avait besoin et elle nous servait de domestique, mais faisait plus partie de la famille. Alors qu'Albus prend place, je me vois courir piquer quelques gâteaux sous les rires de mes parents. Dumbledore me caresse les cheveux. Je reprend place dans mon siège tandis qu'ils commencent à discuter.
-" Je sais pourquoi tu es là Albus. Je ne reculerais pas. Voldemort doit savoir qui je suis.
- Et en quoi cela nous aidera-t-il ? Réfléchis Declan, tu as un fils, n'en fait pas un orphelin.
Maman prend un air attristé. Je sais qu'elle est d'accord avec le professeur Dumbledore, mais rien à faire, papa ne voudra pas en démordre.
-" Mon Lion, mon amour, il a raison. Pense à Al !
- Justement Natasha. Je veux faire tout ce que je peux pour qu'il vive dans un monde de paix. Et si pour ça je dois faire oublier un instant les Potter à Voldemort en rappelant qui je suis..."
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Mon père n'eut jamais à le faire. Avant qu'il puisse ne serait-ce que commencer à mettre son plan à exécution, les Potter étaient morts, le Seigneur des Ténèbres envolé. Nous atterrîmes dans un autre souvenir où il me semblait avoir quinze ans. Je suis sur un balais, le souaffe à la main, poursuiveur de mon équipe, je marque. Nous sommes en vacances et j'ai invité des amis pour la semaine. Maman semblait folle que papa ait accepté je me souviens. Mais de toutes façons il y a tellement de place chez nous. On habitait un grand manoir sur une île minuscule des Shetland, qui appartient entièrement à notre famille. Ma maison est une sorte de château et mon jardin est une île. Mes ancêtres étaient Lord et avaient cette "maison de campagne". Sur l'île, mes parents ont mis un terrain de Quidditch et j'y joue en ce moment avec mes amis. Je fonce sur mon balais, prêt à marquer. C'est Jayson qui garde les trois anneaux. Je savais à ce moment là que ça allait pas être facile car Jay est un super bon gardien. Un sourire de satisfaction étire mes lèvres car je sais déjà que je vais marquer. Après tout, je n'étais pas capitaine d'équipe pour rien !
***
La Grande Salle, le jour de ma première rentrée à Poudlard. Je suis surexcité comme on peut le voir. Je regarde partout avec un sourire naïf. Je ne m'intéresse pas à la répartition, de toutes façons je sais déjà où je vais aller. Voldemort regarde cela avec un intérêt tout particulier alors que la scène précédente ne l'a pas du tout amusé. McGonagall lit la liste des prénoms et j'y repère quelques uns de mes amis. Certains sont morts aujourd'hui, certains sont de son côté, certains ont disparus...
-" Alastair Earlgryff !"
Je vois que je m'avance fièrement pour me placer sur le tabouret. Albus me regarde en souriant et j'ose même lui faire un clin d'oeil discret. Il prenait souvent le thé avec maman alors il m'était trop familier pour que je puisse me comporter normalement. Moi petit attendait impatiemment que la vieille femme pose le chapeau, et que comme mon père, son père avant lui, sa grand mère, son arrière grand père, son arrière arrière grand mère etc... le chapeau touche à peine mes cheveux et hurle ma fière maison. Moi grand sait que ça ne se passera pas comme ça. Le Choixpeau est posé et je me trouve un air déconcerté sous le verdict qui ne vient pas. Je m'agite nerveusement sur ma chaise alors que le Choixpeau murmure tout bas. Je remarque de Dumbledore avait aussi l'air intrigué, chose que je n'avais pu voir étant enfant car je lui tournais le dos. Voldemort se rapprocha pour entendre et je sentis une immense répugnance à le laisser faire. Je n'aime pas l'idée qu'il sache ce que cet objet magique m'a dit.
...tu serais aussi bien à Serdaigle mon garçon. La famille ne veut pas tout dire. Oh tu les as les qualités d'un Gryffondor, ne t'en fais pas... Hmmm... Serdaigle assouvirait ta curiosité. Tu ne veux vraiment pas ? Mmmmh... Tu as le choix, tu ne regretteras pas ? Aucune autre maison ne te tente à ce que je vois... Tu es un drôle d'enfant Alastair... Tu me le rappelle un peu ce crétin... Poufsouffle t'accueillerait volontier et serpentard verrait ton ambition à sa mesure, mais tu ne jures que par une maison... Cela me semblait une éternité étant gosse et encore plus maintenant. Mais enfin le Choixpeau se décida.
-" Gryffondor !"
Un large sourire étira mes lèvres, celles d'adultes et celles d'enfant. Je crois que j'avais fait le bon choix. Le Choixpeau n'avait pas tord, finalement toutes les maisons auraient pu en un sens me convenir, mais je ne voulais que Gryffondor.
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Je me retrouve sans la salle de sport que mon père avait fait aménager au manoir, au côté d'un Lord Voldemort de plus en plus intrigué. Celui ci semble jauger l'importance de ce souvenir mais un coup d'oeil à mon égard le laisse décider qu'il ne vaudrait mieux pas s'abstenir de visualiser celui ci. Mon père entre, moi, dix ans, à sa suite. Je me rappelle que nos séances étaient quotidiennes ou presque. Nous nous asseyons sur le sol et sans attendre il touche mes tempes. Cela ne dure que quelques secondes, j'ai encore échoué.
-" Ali, concentre toi, tu sais que c'est important...
- Papa, je veux pas apprendre l'occlumencie, je veux voler sur un balais !
- Alastair !"
La voix de papa avait monté d'un ton mais c'était l'utilisation de mon prénom complet qui fit frémir mon petit double. Il ne fallait jamais fâcher papa. Et puis il ne disait rien à tort et à travers. Il voulait que je sois occlumens alors je devrai l'être.
-" Tu dois pouvoir cacher qui tu es à n'importe qui. Je t'ai déjà dis de choisir une image pour t'aider, quelque chose qui te semble infranchissable et que tu me projetteras pour que je ne puisse pas entrer.
- Euh... Je vais prendre une barrière de flammes, parce que c'est trop cool !"
Et mon père soupirait...
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Je regarde mes résultats de BUSE. Optimal partout, sauf histoire de la magie, Acceptable. Je souris. Je suis un très bon élève, mais peu discipliné. Papa m'a dit que je ressemblais à James Potter. Quand ils étaient à Poudlard, Papa était un peu plus grand et prefet en chef, il avait du mal à le contenir. Moi j'aurais jamais pu être préfet. C'est Jayson le sage ! L'adolescent que j'étais chiffonne la lettre et la jette nonchalament à la corbeille. J'ai un petit sourire. Je me souviens que maman m'avait tapé sur les doigts.
***
J'ai 17 ans cette fois ci. Je suis devant la boutique d'Ollivanders. Je débarque joyeusement et le vieil homme arrive. La boutique est toujours poussiéreuse... Je n'ai qu'une chose à lui dire alors je fonce.
-" Je veux devenir votre apprenti !"
Je me souviens qu'au début il m'a foutu dehors.
***
-" Tu me rappelles ton père Alastair.
- Je sais que c'était son idée à la base, et je sais qu'il a toujours envie de le faire, mais je préfère que ce soit moi. La guerre a repris Albus, il est revenu. Je me fiche des risques encourus. S'il peut de temps en temps détourner son regard de Harry,..
- Tu sais déjà ce que j'en pense."
Je souris en voyant à nouveau ma réaction. Je me levais brutalement et balayait le bureau de Dumbledore d'un seul geste, mettant à mal les objets qui s'y trouvaient, en brisant certain, faisant voler les feuilles. Une fiole d'encre vint même se briser sur le mur, éclaboussant le sol. C'était il y a seulement quelques années. J'avais dix-neuf ans. Je me vois poser mes mains sur le bureau et m'approcher d'Albus.
-" Je ne veux pas rester sans rien faire !
- Ce n'est pas ce que je te demande. Viens dans l'Ordre du Phénix. Tu es un excellent maître des potions et ta qualité de fabricant de baguette...
- Ollivander dit que je ne suis pas prêt.
- Néanmoins tu connais bien les baguettes. Je disais donc, que tes qualités pourront nous aider."
Je serrais les poings, comme offensé. Le souvenir devient flou, mais je crois que je lui ai hurlé un truc du genre : Ce n'est pas ce que je veux faire, je me fiche de mettre ma vie en jeu, tant que ça peut aider, et si vous vous en moquez, alors je n'ai plus rien à faire ici. Oui quand je m'énerve, je vouvoie de temps en temps. Nous passons à un autre souvenir. C'est quand même désagréable de le voir fouiner dans tout ce que j'ai cacher. Heureusement, et il ne le sait pas, il ne voit pas tout, seulement ce que j'ai choisi de lui montrer. Je ne révèle que ce qu'il faut.
***
C'est la grande bataille. J'avais finalement rejoins l'ordre du phénix. Je suis dans un coin de Poudlard qui ne risque rien pour le moment, mon père vient de me stupéfixier. Mon père ! Je me souviens encore de ça. Je me souviens de la rage qui me brûlait le ventre.
-" Tu es mon seul enfant Al. Je ne veux pas te perdre."
J'aurais voulu lui crier attention, j'aurais voulu l'avertir mais je ne pouvais pas bouger les lèvres. A peine a-t-il fini sa phrase que Luka Lestrange hurle un sortilège impardonnable. Je vois mon père se tordre de douleur et puis finalement un éclair vert. Le sort se dissipe mais je ne bouge pas. Lestrange ne m'a pas vu. Il s'en va. Je me précipite sur mon père, le secoue en pleurant. Voldemort contemple la scène avec mépris. Moi elle me fait toujours mal. Même des années après. Peu de temps après, maman mourrait aussi. Qui leur avait dit que je ne voulais pas les perdre ? Personne. Alors ils se sont permis de partir en me laissant seul.
***
Nous sommes dans la boutique d'Ollivanders, mes premiers jours. Harry Potter vient chercher sa baguette. Je reste dans le fond, parce que je dois finir le prototype sur lequel je travail. Je dois faire un travail élégant et comprendre le bois avant que ce tortionnaire d'Ollivanders m'autorise à en faire une baguette. Je ne vois pas la scène mais je l'entend parfaitement. Voldemort se désinteresse totalement de moi dans ce souvenir, comme prévu, et il écoute ce que le vieil homme dit au jeune Harry. Il le regarde chercher fébrilement les baguettes sans en trouver une alors que je m'observe dans l'arrière boutique, planchant sur le croquis d'une baguette. Entre deux choix, mon mentor se penche sur mon dessins.
-" Grotesque !"
Je me vois rougir et déchirer la feuille. Il s'en va proposer une autre baguette qui échoue à nouveau et je me vois retenter un dessin. Mes mains griffonnent quelques traits quand la scène devient enfin intéressante. Je vois le Seigneur des Ténèbres se tendre quand Ollivander murmure :
-" Je me demande si..."
Mon double arrête son travail et jette un regard à travers le couloir tortueux où s'entassent des boites avec des baguettes dedans. J'aperçois vaguement Harry de là où je suis. La baguette le choisi, le vieil homme fou lui explique vaguement l'étrangeté de la chose. Je souris, c'est drôle de se retrouver ici. Harry s'en va, le vieil homme vient vers moi.
-" Vous pensez que c'est une coïncidence ?
- Non.
- Qu'est-ce qu'implique le fait que ce soit deux baguettes soeurs ?"
Ollivander me considère avec un sourire. Il me maltraitait gentiment mais je crois que j'ai été un bon apprenti, je crois qu'il a apprécié ma présence. Le vieil homme est parti loin maintenant, ou peut être est-il mort, il a disparu de la circulation. Ce qui est drôle c'est qu'il m'a légué sa boutique. Il me manque. Voldemort l'écoute attentivement répondre à ma question, moi je m'en désintéresse, me concentrant pour cacher ce qu'il ne doit pas voir. J'éloigne les réunions de l'ordre du phénix, mes histoires d'amours, les secrets de ma famille... C'est comme si je les effaçais pour qu'il ne les voit pas, pour qu'il considère qu'il a un accès total à mon esprit. Nous allons au dernier souvenir qu'il pourra voir. La réponse à ses questions. Je lui ais montré un peu qui j'étais. Je vais le confirmer.
***
Je suis dans mon lit, j'ai sept ans. Maman et papa sont là pour me raconter une histoire. J'aurais pu prendre un autre souvenir, qui ne diffère que par le fait que j'étais plus jeune ou plus vieux. J'en ai des dizaines d'exemplaires de celui ci. J'adorais tellement cette histoire. Voldemort commence à se détourner de ce souvenir mais je l'y retiens. Il s'énerve jusqu'à ce que le petit moi ouvre la bouche :
-" Raconte moi encore papa... Je veux l'histoire des fondateurs !"
Et papa raconte. Il commence par dire que c'était quatre amis. Quatre puissants sorciers. Sans doute même les plus puissants. Ils voulaient créer une écoles alors ils se sont attelé à la tâche, ici, en Ecosse. Ils ont bâti eux même les murs (que ce soit vrai ou non, je l'écoutais passionnément). Ils parlaient de tout les combats qu'ils avaient fait, de tous les mages noirs qu'ils avaient vaincu et de Poudlard. Sur ce sujet mon père était un véritable puits de science. Il connaissait les histoires de chacun, leurs amours, leurs quêtes de gloire, leur déchéances, les objets mythiques qu'ils avaient, leurs inventions...
-" Et Godric et Salazar se sont disputés.
- C'est Godric qui a gagné ! C'est Godric !
- Oui mon chéri. Et Salazar s'en est allé. Plus rien n'a été comme avant. Et puis ils ont fini par mourir chacun à leur tour, laissant des héritiers qui se perdirent dans le brouillard. Et c'est ainsi que certains prirent d'autres noms de famille. Les Gaunt par exemple descendaient directement de Salazar lui même !
- Et moi ?
- Et toi Alastair, toi tu descends directement de Godric Gryffondor !"
***
Je nous rejette dans la réalité. Il n'ira pas plus loin. Je vois ses yeux furieux et il se heurte à mon mur de flammes. Il tente par tout les moyens de contourner mes défenses mais rien n'y fait. De rage il m'envoie valser d'un puissant coup de poing. Le sang coule le long de ma mâchoire mais je souris. Il se calme doucement et me regarde, la convoitise brûlant ses yeux. Ce n'est plus un petit feu mais un brasier d'envie qui le consume. Il sait maintenant. Il sait que je suis comme lui. Il me veut. Parce qu'il a toujours été attiré par les fondateurs. Il me veut. Il veut ce que je peux faire pour lui, ce que je peux lui apporter, mais il veut aussi ma personne. Avoir un descendant de son côté !
-" Tu es un Gryffondor.
- Autant que vous êtes un Serpentard."
Il sourit. Je suppose qu'il pèse le pour et le contre. Il se demande ce que je lui cache. Il sait que je suis contre lui, mais comment me faire changer d'avis ? Je lui ai cacher beaucoup de choses au final. Je n'ai trahis personne, j'ai juste appliqué le plan de mon père, pas si stupide que ça. Je n'ai pas trahi Jayson ou encore Sanders, je n'ai pas trahis l'Ordre du Phénix, ni ce que je sais sur l'Offensive. Je fais quelques pas et lui balance avec un petit sourire.
-" Ne chercher pas my Lord, je ne vous rejoindrais pas."
Je regarde l'heure à ma montre et je me crispe. Merde il reste trois minutes. Ça dure plus longtemps que j'avais pensé. Il s'énerve. Vous savez, trois fois soixante secondes, c'est énorme.
-" Je pourrais pourtant t'apporter plus que nul autre. Et en tant qu'apprenti d'Ollivanders, et que fabriquant de baguette, tu aurais une place de choix, tu serais admiré de tous."
Je fais semblant d'être intéresser et il parle, il parle. Je le laisse parler. Il faut que je gagne du temps. Et les secondes passent mais me semblent interminable. Quand il me reste dix secondes, je lui redis :
-" Je ne vous rejoindrais pas."
Ma montre se met un peu à briller et me transporte ailleurs. Personne ne soupçonne une montre d'être un Portoloin. Je suis dans une forêt. J'abandonne ma montre sur le sol, cours chercher ma baguette dans un creux d'arbre où je l'avais laissé et transplane plusieurs fois pour qu'ils ne retrouvent pas ma trace. J'ai un sourire sur les lèvres. Je m'appelle Alastair Myron Gryffondor, j'ai 26 ans, bientôt 27, je suis fabricant de baguette membre de l'ordre du phénix et maître de potion à mes heures perdu et je suis une obsession de Voldemort. Je me dois de lui faire tourner la tête pour le détourner de mes amis, je me dois d'être une de ses lubies, pour le faire chuter. Je me dois de lui donner espérance et envie pour que jamais il ne se décroche. Je suis un descendant. Je serais peut être sa chose si il m'attrape. Je m'appelle Alastair, Al pour les intimes, le Lion et je suis une obsession.